Les petits bouquins

“Un peu plus loin vers l’horreur”… En effet, à Bruxelles, à l’automne 1940, l’ambiance se détériore rapidement pour les civils. Spirou et Fantasio ont faim, comme tout le monde. La solidarité est une valeur mise à rude épreuve, et la naïveté de Spirou se heurte souvent à la réalité. La conscience de Fantasio, jusque là plutôt égoïste, se réveille tout doucement. Mais si Spirou est ingénu, il est aussi ingénieux: afin de pourvoir à leurs besoins, il crée un théâtre de marionnettes ambulant avec Fantasio, et les compères partent sur les routes à vélo. Ils rencontreront des résistants, des collabos… et des enfants qui se demandent bien pourquoi on leur a collé une étoile jaune sur leur veste. Spirou apprend également que Kassandra, son amie communiste qu’il n’a plus vue depuis trois ans, serait dans un camp de travail en Pologne, près de Cracovie. Un moyen bien simple permettrait à Spirou de la rejoindre, grâce à un train sinistre, en direction d’un autre camp de travail en Pologne…

Emile Bravo ne prend pas de chemins de traverse pour raconter les horreurs de la guerre, côté civil, et surtout l’impensable, l’inimaginable Shoah. Il n’oublie pas non plus l’humour, grâce à son anticléricalisme latent et à Fantasio, éternel personnage loufoque. L’ensemble est une bande dessinée intelligente, accessible aux petits et aux grands, et dont la fin donne froid dans le dos. On attend la suite avec impatience, et une certaine inquiétude. Preuve que c’est réussi.