Annie Goetzinger retrace les dix glorieuses années du couturier français Christian Dior, depuis son premier défilé en 1947 jusqu’à son décès en 1957. Pour entrer dans l’antre du créateur, elle imagine une jeune journaliste de mode, Clara, qui par un coup du sort devient l’une des “jeunes filles” de monsieur Dior, c’est-à-dire une mannequin.
Le 12 février 1947, du beau linge se bouscule devant le n°30 de l’avenue Montaigne: les rédactrices en chef de Harper’s Bazaar, Vogue, Elle, ou encore Marlene Dietrich, Cocteau, Rita Hayworth, viennent assister au premier défilé d’un certain Christian Dior. Et dans ces années de vache maigre d’après-guerre, c’est un véritable coup de canon dans l’univers de la mode. Dior a inventé une nouvelle silhouette d’un luxe jamais vu.
Annie Goetzinger, qui a travaillé dans le dessin de mode à ses débuts, entre dans les coulisses par la grande porte, mais c’est bien aux petites mains qu’elle s’intéresse en particulier. On découvre évidemment le créateur, bonhomme timide, généreux et attentif à tous ses employés, mais surtout les couturières qui dans l’ombre transforment les “gribouillages” de monsieur Dior en robes de rêve. L’auteur, qui s’est rendu dans la maison de l’avenue Montaigne pour les besoins de l’album, retranscrit toute son émotion dans des dessins délicats aux traits fins, rehaussés de couleurs pastel. Et c’est un véritable plongeon dans ce milieu: les étapes de la création, le vocabulaire, les secrets des défilés, la ronde des acheteurs… les détails et des anecdotes surprenantes fourmillent, on en sort très instruit! Entre le personnage réel de Dior et celui, fictif, de Clara, Annie Goetzinger réussit à faire voyager le lecteur dans un univers de passionnés peu connu.
Qu’on ne s’y trompe pas, ce bel album petit format séduira surtout le sexe féminin, mais messieurs soyez curieux et ne vous privez pas de cette élégante histoire fort bien troussée!